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Relaxation / détente

La montagne, un jardin précieux ?

par Cosy Naturelles

Cueillir des plantes sauvages de montagne lors d’une randonnée dans le massif des Aravis en Haute-Savoie. Apprendre leurs vertus. Fabriquer soi-même son baume à l’arnica, ses onguents, ses tisanes au retour de la balade. Munis d’un sac en toile, nous partons accompagnés de Gérard Luchier et d’Isabelle Loubet-Guelpa, herbalistes, découvrir les bienfaits et les secrets des plantes qui poussent en altitude. 

PAR ET PHOTOS PATRICIA PARQUET, JOURNALISTE 

« Je conseille toujours de démarrer la balade-cueillette des plantes tôt le matin, car c’est à ce moment de la journée que les plantes ont le plus d’énergie », nous explique d’emblée Gérard Luchier.

Avec Isabelle Loubet-Guelpa, ils nous conduisent au Plateau de Beauregard, au milieu des alpages, à plus de 1000 m d’altitude où tintinnabulent les cloches des vaches de la race d’abondance. Ici, c’est leur royaume. Je passe autour du cou un collier avec une loupe qui me permettra d’observer de près les plantes de petites tailles. Nos guides de promenade botanique nous expliquent comment reconnaître des plantes bonnes pour la santé. On réalise vite qu’il n’y a qu’à se pencher pour cueillir. Près d’un point d’eau, Gérard Luchier nous apprend à nous méfier des plantes toxiques, très nombreuses à ces endroits précis. Il nous confirme également qu’il ne faut jamais ramasser les plantes avec leurs racines sinon elles ne repousseront pas. 

Sentir le parfum de menthe et de mélisse 

Quelques pas plus loin, Gérard pointe son bâton de randonnée sur des plantes jaunes, bleues, blanches. Nous découvrons les lampsanes, les feuilles de framboisier, les orties (riches en fer), l’arnica, l’alchemille et leurs multiples vertus. Nous nous arrêtons ramasser le calament, connu pour apaiser les douleurs de l’estomac. Nous froissons les feuilles pour sentir s’échapper un délicat parfum de menthe et de mélisse. Nous apprenons qu’au printemps, les fleurs dont notre corps a besoin sont jaunes comme les fleurs de pissenlit.

« Vous êtes au milieu d’une fabuleuse pharmacie » s’exclame Gérard les bras grands ouverts, devant l’épilobe (plante pour les troubles de la prostate) qui se mange comme des asperges.

Sa passion est née ici au cœur de la montagne des Aravis. Formé à l’école lyonnaise de plantes médicinales et guide de promenade botanique, il conduit les vacanciers en balade en montagne pour partager ses connaissances. Isabelle Loubet-Guelpa s’est arrêtée cueillir avec précaution des tiges de framboisier et de l’arnica qui servira à la confection de baumes pour l’atelier organisé au retour à l’hôtel. Sans oublier quelques plantes que son frère Eric Guelpa, chef cuisinier, préparera en cuisine et que l’on retrouvera à La Table de Marie-Ange, lors du dîner.Je découvre un paysage de toundra lorsque nous arrivons dans la tourbière. Je me déchausse pour la traverser pieds nus, comme nos accompagnateurs nous le suggèrent. 

J’avance avec légèreté sur les sphaignes avec la sensation de marcher sur une éponge. Je croise une grenouille, j’apprends à reconnaître les plantes carnivores comme les grassettes, mais aussi la Reine des Prés, un diurétique puissant

De l’alpage au flacon 

La balade nous conduit quelques mètres après l’Auberge des Matins Clairs où nous partageons le pique-nique du chef face au Mont Blanc, à 1600 m d’altitude, au beau milieu de la piloselle, une jolie plante jaune aux vertus diurétiques. La conversation tourne autour de ces plantes qui de tous temps guérissent et apaisent. On apprend qu’autrefois les habitants plantaient du millepertuis au-dessus de leur maison « pour éviter que le diable arrive ».

Après avoir herborisé toute la matinée, nous voici de retour aux Chalets-hôtel la Croix-Fry pour un atelier fabrication d’un baume à l’arnica. Un remède vieux comme le monde pour soulager les douleurs, les courbatures… Isabelle, la maîtresse des lieux, a suivi une formation à l’Institut français d’herboristerie de Privas. Sa passion des plantes lui vient de son arrière-grand-mère qui soignait avec les plantes. Elle chauffe au bain-marie la cire d’abeille dans une casserole à laquelle elle ajoute le macérat huileux d’arnica (pétales d’arnica de la montagne ayant infusé 28 jours dans de l’huile végétale bio) et du beurre de karité bio. Une fois prêt, le mélange est versé dans de petits bocaux, avec une étiquette, que chacun pourra conserver pendant une année. En montagne, la nature offre une incroyable richesse qu’il faut apprendre à connaître et à respecter. 

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