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Détox

Détox, de quoi parle-t-on exactement ?

par Cosy Naturelles

PAR MARINE DODET – NATUROPATHE SCIENTIFIQUE, FORMATRICE ET CONFÉRENCIÈRE 

« C’est le printemps, il est temps de faire une petite détox ! »« Trois jours de recettes détox pour vous » « Comment se détoxiquer en profondeur ? Voici le nouveau produit qui marche vraiment ! » 

Je suis prête à parier que vous avez déjà lu ou entendu de telles allégations, parfois miracles, autour du terme « détox ». En effet, ce mot, d’ailleurs quasiment passé dans le langage courant, est maintenant utilisé à toutes les sauces… et l’objet d’un marketing intense, s’approchant parfois dangereusement d’une arnaque à grande échelle. 

La détox marketing est une intox ! 

Un exemple ? N’espérez pas vous détoxiquer miraculeusement par la plante des pieds alors qu’ils trempent dans une eau salée, même si celle-ci devient alors marron (de rouille) ! Il est donc fréquent aujourd’hui de surfer sur la vague de la détox, notamment après les fêtes de fin d’année et au printemps. Pourquoi à ces moments d’ailleurs ? Probablement parce qu’après les agapes des repas de Noël, du Nouvel An et de la galette des rois (et sans doute quelques autres entre ceux-là !), la détox permettrait d’expier ces excès gastronomiques, à l’image d’une pénitence… 

La détox de printemps, quant à elle, vise davantage la préparation de la silhouette au port estival du Bikini. Les régimes ne sont plus à la mode (et c’est tant mieux !), mais ils sont remplacés par les détox ou parfois par le « rééquilibrage alimentaire » plus politiquement correct, deux formules qui déguisent le plus souvent des alimentations restrictives et hypocaloriques… 

Pourtant, physiologiquement parlant, la détoxication – préférons ce terme plus adapté – est bel et bien un mécanisme fondamental de l’organisme pour sa survie et sa bonne santé.

La détoxication, définition 

Médicalement, la détoxication (et non « détoxification » qui n’est qu’une francisation ratée du terme anglais detoxification) fait référence à un processus bien précis : celui par lequel l’organisme désactive des substances toxiques internes ou externes, les rendant ainsi moins toxiques et hydrosolubles de façon à permettre leur évacuation par les reins

  • Les substances toxiques internes sont les toxines naturellement produites par le fonctionnement métabolique de notre organisme ou par celui de nos hôtes. Par exemple, les bactéries qui colonisent nos intestins produisent régulièrement des toxines qu’il nous faut inactiver. 
  • Les substances toxiques externes, appelées également xénobiotiques, sont les molécules d’origine étrangère présentes à l’intérieur de l’organisme et dont l’action est potentiellement dangereuse pour sa santé. Typiquement, cette catégorie recouvre notamment l’ensemble des pesticides, les médicaments, les additifs alimentaires et industriels ou les métaux lourds, dont les effets sont variables : perturbation endocrinienne, perturbation immunitaire, potentialisation de l’action d’un agent infectieux… Leur toxicité peut s’exercer à de très faibles concentrations. Cette détoxication métabolique est le fait d’un organe clé : le foie. 

Et une intoxication bien réelle !

On ne peut en revanche remettre en cause l’augmentation drastique des contaminants que nous absorbons. Dans le sang, dans les graisses, dans le lait maternel, dans l’urine… de nombreuses études montrent aujourd’hui la présence croissante de substances toxiques et dont les conséquences sur la santé, inquiétantes, ne sont encore qu’à peine connues. Pesticides organochlorés, PCB, retardateurs de flammes bromés, dioxines sont les polluants d’hier (lors des Trente Glorieuses), mais dont les traces sont encore bien présentes aujourd’hui… et auxquels se sont ajoutés depuis tous les plastifiants (bisphénol A, phtalates), parabènes, détergents, parfums, cosmétiques, peintures, et l’ensemble des additifs alimentaires, sans oublier les pesticides, dont les noms changent mais les effets restent…

Parallèlement à l’invasion environnementale de ces molécules chimiques, les maladies dites de civilisation ont explosé. Certes, ces maladies sont d’origine multifactorielle et impliquent des prédispositions génétiques. Mais l’expression de ces gènes dépend largement d’un « environnement » multiple et rendu de plus en plus chimique. C’est la fameuse épigénétique qui étudie comment nos habitudes alimentaires, nos excès et nos carences, notre hygiène de vie et nos polluants modifient l’expression de ces gènes et l’activation de ces programmes « cancer », « diabète », « obésité », « infertilité » ou encore « autisme ».

Dès lors, comment ne pas se poser la question de nos capacités physiologiques à « gérer » au mieux cette exposition massive à des molécules qui nous sont évolutivement étrangères ? N’est-il pas alors possible d’aider cet organe filtre, le foie, dans son travail de détoxication ? Le foie… mais également les organes d’élimination des déchets tels que les reins, la peau, les intestins ou les poumons ? 

Ah ! Au fait, ce n’est pas de désintoxication dont il s’agit ici… À moins que vous ne soyez alcoolique ou dépendant d’une substance stupéfiante… Mais c’est un autre sujet… 

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