PAR NOËLLE BITTNER-JOURNALISTE
« Comment tu fais le «O» si long ? » une petite voix perce le silence, le gong a résonné, la méditation sur le son s’est arrêtée. Une vingtaine de bambins de 5 à 10 ans sont assis sur des coussins matelassés orange, une petite polaire orange à côté d’eux (il faut bien s’installer pour bien méditer, n’avoir ni chaud, ni froid, ni fourmis dans les jambes). Les parents sont assis derrière sur des chaises. La séance s’adresse aux enfants qui, de retour à la maison, sont invités à apprendre la méditation à leurs parents.
Les enfants sont étonnamment calmes. C’est leur première séance. Ils sont comme subjugués par Laurent, qui explique d’une voix claire et chaleureuse ce qu’on va faire : prendre la bonne position pour commencer, bien s’asseoir, dos droit, se concentrer sur un point devant soi et laisser passer tout ce qui apparaît à l’esprit. C’est la méditation du cerisier : on sent ses jambes prendre racine tandis que sa tête s’étire vers le ciel et s’allège.
« La méditation c’est tout un univers, explique Laurent, un univers qui a 4000 ans d’existence. Elle permet de nous aider à nous retrouver, à nous concentrer, à être de plus en plus présent à ce que l’on fait. Quel que soit ce que vous faites, vous pouvez méditer en le faisant ».
Développer sa joie
On enchaîne sur la méditation du « 0 », celle du soleil et de la lune, puis debout, la méditation du flamand rose « car on peut méditer dans toutes les positions et toutes les occasions ». Si on se concentre bien, on ne bouge plus, ajoute Laurent alors que deux bambins se retrouvent au tapis.
« La méditation, c’est une façon de pratiquer joyeuse car se concentrer permet de développer de la joie. Il y a des milliers de pratiques différentes et ce n’est pas réservé aux monastères ! Méditer ensemble, en famille ou en cours, c’est agréable car on sent qu’on partage la même expérience ».
La séance s’achève avec le gong, les enfants si calmes jusque là, se bousculent en riant. On se dit que Laurent Dupeyrat et Johanne Bernard ont exactement les mots et le ton pour le dire. Cerise sur le gâteau, ils ont écrit un livre d’initiation à la méditation dès l’âge tendre avec 13 méditations, 6 guidées en vidéo que l’on peut suivre sur le site de l’éditeur.
Réguler les émotions
Débarrassée du jargon que l’on trouve parfois dans les livres de « spiritualité », leur présentation de la méditation coule de source et se lit avec beaucoup d’intérêt. On y apprend entre autres comment méditer peut réguler les émotions.
« L’émotion, c’est le résultat de la sensation + la pensée sur la sensation. L’émotion n’existe pas par elle- même. Dans la méditation, l’attention que nous développons nous permet de reconnaître la sensation pour ce qu’elle est et d’arrêter le processus dès le début. »
Je dois prendre la parole, je me lève pour rejoindre le pupitre, j’ai la gorge qui se serre… en méditant, vous n’ajoutez pas de pensée sur la sensation, vous ne faites que constater « tiens, ma gorge se serre », donc l’émotion ne se développe pas. Si votre émotivité vous joue des tours, pratiquez !
Mais que se passe t-il dans le cerveau quand on médite ? Des chercheurs ont remarqué qu’à l’IRM certaines zones du cerveau se transforment physiquement. Certaines parties se connectent ou grossissent, comme si la méditation musclait le cerveau.
« Les scientifiques constatent également ses effets bénéfiques sur le corps : ralentissement du vieillissement des cellules, apaisement du stress, renforcement du système de défense immunitaire et du cœur… ».
Bon pour les enfants… et bon pour les parents !
“J’AI RENDEZ-VOUS AVEC LE VENT, LE SOLEIL ET LA LUNE, MÉDITATIONS POUR LES 7-12 ANS“, par Johanne Bernard et Laurent Dupeyrat, illustrations Alice Gilles, éditions de La Martinière, 15€. Des cours pour les enfants sont organisés au Forum 104, à Paris, une fois par semaine : 120€ pour l’année, je-medite.com